Militante de l’Uds/Rda de 1946 à 1957, puis du Pai de 1958 à 1983, Tchoumbé Samb est née le 28 janvier 1928 et épouse en 1945 Mbaye Paye, lui aussi membre du Rda Sénégal avant de rejoindre le Pai.
Tchoumbé Samb fut aussi une des premières militantes féministes luttant à la fois pour libérer le pays et l’Afrique du colonialisme et pour l’égalité entre l’homme et la femme.
En 1954, elle participa activement à la création de l’Union nationale des femmes du Sénégal (Ufs) dont le principal slogan était : «L’indépendance avant tout.»
Le 8 mars 1954, Tchoumbé Samb et ses camarades de l’Ufs célébraient la première Journée internationale des femmes au Sénégal au cinéma Pax, à la Médina. Cette date du 8 mars fut instituée par l’Internationale Ouvrière à l’instigation de Clara Zetkin, militante communiste. Le noyau dur qui a préparé et organisé cette manifestation regroupait alors Selle Guèye (présidente), ancienne directrice de l’école Soumbédioune, Jeanne Martin Cissé, d’origine guinéenne (Secrétaire générale) et première femme à avoir présidé le Conseil de sécurité de l’Onu au nom de la Guinée indépendante, Rose Basse (2ème vice-présidente), signataire du Manifeste du Pai, Maguette Diop, Marie Ka, Aïda Mbaye, Awa Niang, Awa Guèye, Emma Turpin, Ndèye Ngoné, Anna Sèye, Oumy Sène, Aïda Sarr, Ndèye Seyni Camara, Ndèye Fatou Ba, Madeleine Ly et bien entendu Tchoumbé Samb qui était la 1ère vice-présidente de l’Ufs. Elles sont les «femmes de Nder» de la première phase de la lutte de libération nationale.
Tchoumbé Samb, décidée et déterminée, répondit à l’appel de son parti, seul véritable organisateur de l’action pro-indépendance des porteurs de pancartes en 1958 devant le général De Gaulle à l’actuelle Place de l’indépendance portant alors le nom de Prôtet. Son parti, le Pai, fut le seul véritable parti à avoir revendiqué clairement l’indépendance.
C’est surtout lors des élections locales à Ndar/Saint-Louis en 1960 que Tchoumbé Samb symbolisa avec Majhemout Diop, Madické Wade, etc, la résistance légitime du Pai contre les fraudes du parti au pouvoir de Senghor/Dia par une mobilisation militante exemplaire qui lui valu la réputation de «première femme politique à être emprisonnée au Sénégal».
Les militantes femmes du Pai de Ndar/Saint-Louis témoignent : «Tchoumbé a lancé le mot d’ordre ‘l’heure est grave, en avant à l’assaut des urnes contre les voleurs’.»
La répression s’abattit, elle fut arrêtée avec plusieurs autres dont Madické Wade, auteur d’‘un ouvrage sur l’histoire du Pai intitulé «Ma part de vérité».
Le décret d’interdiction et de dissolution du Pai signé par le président du conseil Mamadou Dia jeta le parti marxiste-léniniste (communiste) dans la clandestinité.
Pour Tchoumbé, son époux, Mbaye Paye, Seydou Cissokho, la plupart des signataires du Manifeste de septembre 1957, la lutte continua, même traqués et persécutés par la police néocoloniale du Ps. Les va-et-vient entre le commissariat et la maison de Tchoumbé Samb étaient incessants.
Sa fille Aïssatou Paye témoigne : «à l’approche des agents secrets dont les visages nous étaient familiers, le mot d’ordre était : «arrêtez les beignets»», c’est-à-dire un code pour signaler la présence de la police lors des réunions ou des tirages de tracts à diffuser ensuite dans les lieux de travail des classes laborieuses et les quartiers populaires. Le couple Samb/Paye a, selon leur fille, aussi contribué à organiser le départ pour l’exil des dirigeants du Pai recherchés par le pouvoir néocolonial françaficain.
La lutte pour l’indépendance et les luttes pour les conquêtes démocratiques ont produit des figures héroïques et des dirigeants comme Tchoumbé Samb, les signataires du Manifeste du Pai, Moussa Diop Jileen, Ndongo Diagne, Babacar Sané, Iba N’diaye Diadji, Tidiane Diatta, Badiane Guèye, Alioune Sène, Amagore Ndoye, Djiby Seck, Moussa Ndiaye, Hamédine R. Guissé, Cyriaque Diatta, Birane Gaye, Assane Samb, etc.
C’est à ces militants marxistes-léninistes, communistes que les générations actuelles doivent les avancées démocratiques et sociales qui sont actuellement menacées de régression.
L’actuelle seconde phase de libération nationale portée par la rébellion patriotique de la jeunesse a besoin d’éviter le syndrome de l’éternel recommencement de la découverte du feu en raison d’une rupture de transmission inter-générationnelle. Lui transmettre les exploits dans l’engagement militant des anciens est un devoir pour l’aider à trouver sa mission et l’accomplir et non la trahir comme d’autres.
Alors opposons aux figures néocoloniales apatrides, nos héros et martyrs au masculin et au féminin pour contribuer à ce que les lutteurs d’aujourd’hui accomplissent leur mission : libérer le Sénégal et participer ainsi à libérer l’Afrique.
DIAGNE Fodé Roland
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