Le monde culturel et intellectuel africain est en deuil. Koyo Kouoh, curatrice de renom, penseuse engagée, et directrice de la Zeitz MOCAA au Cap, nous a quittés. Son départ laisse un vide immense, mais aussi une trace lumineuse : celle d’une femme qui, contre vents et patriarcats, a redéfini ce que signifie penser et exposer l’Afrique depuis l’Afrique.
Koyo Kouoh était bien plus qu’une curatrice. Elle était une bâtisseuse de ponts entre les continents, les langages, les générations. Elle savait faire exister les voix africaines dans les musées, souvent conçus pour les effacer ou les folkloriser. Elle savait, surtout, créer des espaces où les femmes noires artistes, critiques, intellectuelles pouvaient être non seulement visibles, mais au centre.
Depuis RAW Material Company à Dakar, qu’elle a fondée en 2008, jusqu’à la direction du Zeitz MOCAA, elle a porté une vision du contemporain africain radicalement autonome, résolument politique, et farouchement féministe. Elle faisait partie de ces femmes qui comprenaient que l’art n’est pas une échappatoire, mais un lieu de lutte, de mémoire, et de transformation.
En ces temps où la parole des femmes est encore censurée, où les conservatismes artistiques et politiques se resserrent, Koyo Kouoh nous laisse un legs précieux : celui de la rigueur, de la beauté, et de l’insoumission. Elle nous rappelle que l’indépendance artistique va de pair avec l’indépendance politique et que l’Afrique n’a pas besoin de validation, mais de solidarité.
WarkhaTV présente ses sincères condoléances à la famille, aux proches et à toute la communauté artistique africaine
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