Les Nations Unies appellent à l’application stricte des lois contre les mutilations génitales féminines

Dakar, 21 février 2025 – L’excision de 11 fillettes âgées de cinq mois à cinq ans, perpétrée le 15 février 2025 dans le département de Goudomp (région de Sédhiou), suscite une vague d’indignation. L’UNICEF, UNFPA et ONU Femmes dénoncent fermement cet acte et appellent les autorités sénégalaises à appliquer strictement les lois en vigueur pour mettre fin à cette pratique néfaste.

Cette tragédie intervient quelques jours seulement après la Journée internationale de tolérance zéro contre les mutilations génitales féminines (MGF), un rappel brutal que cette violation des droits humains persiste malgré les engagements du pays à éradiquer cette pratique.

Les mutilations génitales féminines entraînent des blessures physiques et psychologiques profondes et irréversibles. Elles sont source de douleurs atroces, de traumatismes et de risques mortels pour la santé des filles et des femmes. Au-delà des conséquences médicales, elles constituent une atteinte directe à leur droit fondamental à disposer de leur corps et à vivre en sécurité et dans la dignité.

Malgré les efforts du gouvernement sénégalais, ces pratiques persistent, souvent avec la complicité de certains membres des communautés locales. Pourtant, le Sénégal a été l’un des premiers pays de la région à interdire légalement les MGF avec la loi 99-05 de 1999, qui pénalise non seulement la perpétration, l’incitation et l’assistance à ces actes, mais aussi le non-signalement et la pratique transfrontalière de l’excision.

L’article 7 de la Constitution sénégalaise est clair : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, au libre développement de sa personnalité, à l’intégrité corporelle notamment à la protection contre toutes mutilations physiques. »

Les Nations Unies exhortent les autorités à traduire en justice les auteurs et complices de cette excision collective. Jacques Boyer, représentant de l’UNICEF au Sénégal, rappelle que « l’excision n’est pas seulement une atteinte à l’intégrité physique des filles, c’est une négation de leur avenir. Nous ne pouvons pas rester silencieux face à cette pratique qui vole leur enfance et leur bien-être. »

Pour Tracey Hebert-Seck, représentante de l’UNFPA au Sénégal, il est impératif d’agir avec fermeté : « À cinq années de l’échéance des Objectifs de Développement Durable (ODD) en 2030, un seul cas est de trop ! Ceci est intolérable et inexcusable. Nous devons prendre nos responsabilités pour atteindre notre objectif commun : mettre fin aux mutilations génitales féminines au Sénégal. »

Arlette Mvondo, représentante d’ONU Femmes, souligne l’urgence d’un engagement renforcé : « Il est difficile de comprendre qu’une violation aussi grave des droits fondamentaux des filles ait lieu dans un pays pionnier dans la lutte contre les MGF. Un tel retour en arrière est impensable. Mettre fin à cette pratique est une nécessité pour garantir l’égalité des chances et le respect des droits humains. »

Au Sénégal, près de deux millions de filles et de femmes ont subi une excision. Les plus vulnérables sont les très jeunes filles :

  • 12,9% des filles de moins de 15 ans sont excisées.
  • 8 sur 10 subissent cette pratique avant l’âge de 5 ans.

Ces chiffres révèlent une réalité alarmante et appellent à une mobilisation urgente.

L’UNICEF, l’UNFPA et ONU Femmes soutiennent la Stratégie Nationale du Gouvernement Sénégalais pour l’abandon des MGF, dans le cadre du Programme conjoint pour l’abandon des mutilations génitales féminines depuis 2008.

Ces agences collaborent avec les ministères, collectivités territoriales, comités de protection de l’enfance, organisations de la société civile, ainsi que des associations de femmes et de jeunes pour lutter contre les violences faites aux filles et garantir leurs droits fondamentaux.

L’excision demeure une violation grave des droits des filles et des femmes. L’inaction ne peut être une option. La stricte application des lois, la sensibilisation des communautés et un engagement politique fort sont indispensables pour que plus jamais une fille ne soit mutilée.

Il est temps d’agir, collectivement et sans compromis, pour mettre fin aux mutilations génitales féminines au Sénégal

warkhatv

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