1974-2024 AJS célèbre ses 50 ans au service des droits humains
En 1974, à l’aube des indépendances, naissait l’Amicale des Juristes Sénégalaises, créée par un groupe d’amies professionnelles du droit, désireuses de resserrer leurs liens d’amitié, mais aussi convaincues de la nécessité d’œuvrer à des relations égalitaires de toutes les franges de la population en droit.
Cette amicale, deviendra très vite une association, et regroupe aujourd’hui en son sein plus de 300 femmes spécialisées dans divers domaines du droit, de professions juridiques (avocates, magistrates, professeures de droit, cadres des gouvernements locaux, conseillères juridiques, cadres de banque, huissiers de justice, inspectrices du travail, expertes fiscales, etc), toutes générations confondues et toutes titulaires d’une maitrise ou d’un Master 2 en droit.
De 1974 à nos jours huit (8) présidentes se sont respectivement succédé à la présidence de l’AJS. Il s’agit de Mesdames : Mame Madior BOYE (1974-1998) ; Dior Fall SOW (1998-2002) ; Me Nafissatou DIOUF MBODJ (2002-2008) ; Marie Delphine NDIAYE (2008-2013) ; Fatou Kiné CAMARA (2013-2015) ; Mme Fatoumata GUEYE NDIAYE (2015-2019) ; Aby DIALLO (2019 – 2023) ; Aminata FALL NIANG (de juillet 2023 à nos jours). Il faut dire qu’à l’AJS, le renouvellement régulier des instances constitue un principe démocratique respecté. C’est sans doute ce qui contribue à sa vitalité et à son dynamisme !
L’année 2024 marque le 50e anniversaire de la création de l’association. Ce cinquantenaire représente des années de lutte constante d’éminentes femmes juristes, engagées avec motivation et détermination dans la promotion, la protection et la vulgarisation des droits humains, en particulier ceux des femmes et des enfants.
De 1974 à nos jours, en collaboration ou avec le soutien d’organisations sœurs de la société civile sénégalaise, l’AJS s’est engagée dans tous les combats pour la défense des droits des femmes, parvenant ainsi à des résultats concrets avec l’adoption de plusieurs lois offrant un cadre juridique égalitaire des droits notamment : l’accès des femmes à certains corps de métiers, (1982) la prise en charge médicale de l’époux et des enfants de la femme salariée (2006), l’équité fiscale (2008),la loi sur la parité absolue homme-femme dans les instances électives et semi-électives (2010), la transmission de la nationalité sénégalaise par la femme à ses enfants (2013), la loi criminalisant le viol et la pédophilie (2020) et bien d’autres.
Entre autres moyens d’action, l’AJS a mis en place progressivement des Boutiques de Droit qui sont au nombre de neuf (9) aujourd’hui, dont trois (3) à Dakar, précisément à la Médina, à Pikine et dans la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane, et six (6) dans les régions de Thiès, Kaolack, Louga, Kolda, Ziguinchor et Sédhiou.
Ces boutiques de droit sont des centres d’écoute, de conseils et d’assistance juridico-judiciaire qui visent à rapprocher la justice des justiciables et à faciliter l’accès à la justice. Ce qui permet à l’AJS d’être très active au niveau communautaire. Sur ce plan, les actions de l’AJS se sont davantage consolidées par sa collaboration avec les acteurs locaux, dont les parajuristes (plus de 1000 formés sur diverses thématiques) et les « badienu gox » (ou marraines de quartiers ), qui sont ses relais au niveau local.
Depuis 2008, avec l’ouverture de la première boutique de droit de l’AJS et la mise en place de la ligne verte 800 805 805 en 2012 plus de 68.868 dossiers y ont été reçus et traités. Ces cas renvoient à différentes catégories juridiques. La tranche d’âge des justiciables varie de 2 ans à plus de 80 ans.
Sur ces 68.868 dossiers, 87% des cas concernent des femmes et 13% des hommes. Concernant les cas de violences enregistrés : 32% sont relatives à des violences physiques, 16% à des violences psychologiques et morales, 25% à de violences économiques et 27% à des violences sexuelles.
Faisant leur l’adage selon lequel « le commencement du bien vivre, c’est de bien écouter », les équipes des boutiques de droit sont toutes formées en technique d’écoute et de counseling.
La médiation est également très usitée pour trouver une issue heureuse.
Grâce à cette « force de frappe », à l’engagement sans faille de ses membres et à son leadership, l’AJS est devenue une source d’influence dans la définition des politiques publiques en matière de droits des femmes, se positionnant comme l’une des organisations incontournables dans l’environnement des droits des femmes et des enfants.
Ces 50 ans d’existence, marqués par une expérience inégalée en termes d’activités de plaidoyer, de sensibilisation, de formation, d’information et de communication sur les droits humains, plus de 70 projets mis en œuvre portant sur diverses thématiques, avec l’appui de partenaires techniques et financiers qui ont permis d’échanger avec plus de 400 parlementaires de 10 législatures, 300 acteurs judiciaires, et 100.000 personnes sensibilisées ou formées (Hommes, femmes, enfants) méritent d’être mis en exergue.
Ce cinquantenaire sera placé sous le thème « Environnement et sécurité : deux défis pour la protection des droits des femmes et des enfants ».
Une série d’activités est prévue dont, un symposium sous-régional, une randonnée pédestre, l’AJS Tour dans les 7 régions des Boutiques de droit, une journée de don de sang, une journée hommage aux parajuristes, la projection de la vidéo documentaire des 50 ans, une soirée Sargal Jigeen Jambar où plusieurs femmes leaders dans tous les domaines et secteurs seront primées et en clôture, un dîner-débat, « sargal djiguene ».
Joyeux anniversaire à l’AJS !
Add comment